Khrystyna est arrivée en France le 12 mars dernier, pour protéger ses enfants de la guerre. Elle vient de décider de retourner dans son pays. "Je pensais partir pour un mois. Cela fait maintenant 4 mois et demi que j'ai quitté l'Ukraine. Je n'ai pas envie de vivre dans un autre pays. Je comprends que ce sera une guerre très longue. Nous devons apprendre à nous adapter à cette nouvelle vie dans mon pays."
Partie dès le début de la guerre avec ses deux enfants Lisa et Miron, elle avait pour seul objectif de rejoindre la frontière polonaise. Pendant douze jours, ils ont erré souvent à pied, vécu dans différents camps de réfugiés. Par hasard, elle a su qu'un bus partait pour la France. Elle n'a pas hésité et tous trois sont arrivés à Lézigneux, comme quatre autres familles.
"J'ai eu de la chance de rencontrer de bonnes personnes sur ce chemin difficile. Et mes enfants se sont adaptés relativement facilement. C'était le plus important."
D'abord hébergés sur les hauteurs de la commue chez Patricia et Frédéric Rival, par commodité, Khrystyna s'est rapproché du bourg et a été accueillie avec ses enfants chez Gaëlle et Mickaël Grandpierre. Ceux-ci expliquent : "Nous voulions mettre une famille en sécurité. Le soutien de l'association lézignoise ALU (accueil Lézigneux Ukraine) nous a confortés dans notre idée. La barrière de la langue a été le plus compliquée. A la maison, tout s'est bien passé. L'intimité a été respectée dans les deux sens, chacun avait sa partie plus privée. Une confiance naturelle s'est établie. Ils ont intégré et partagé notre quotidien, nos sorties et nos réunions en famille."
Khrystyna et ses enfants vont donc repartir dans quelques jours. Plus de 40 heures de bus les attendent. Elle ne saura qu'en aout si elle retrouvera son travail. "J'aimerai retourner au travail mais les entreprises ukrainiennes sont au bord de la faillite. Je prévois aussi d'aller habiter dans une petite maison de famille éloignée dans un village. C'est trop dangereux en ville."
Khrystyna ne peut énumérer le nom de toutes les personnes qui l'ont aidée avec ses enfants. Son merci est collégiale. L'accueil du village de Lézigneux restera une page reposante dans cette douloureuse parenthèse de sa vie. Durant son séjour, une amitié était née avec Raïssa qui est déjà repartie en Ukraine. Elles habitent la même ville et vont se revoir.
Des nouvelles des autres familles accueillies à Lézigneux
Tania va rester avec ses trois jeunes enfants. Son mari formateur dans l'armée va prendre les armes et rejoindre le front.
Irina et ses deux petits-enfants devaient partir également. Mais avec les nouveaux tournants de la guerre, elle a annulé ses billets et reporté son départ. L'autre Khrystyna a le projet de s'installer à Saint-Etienne avec son petit garçon de 6 ans. Elle souhaite trouver un emploi en lien avec la traduction anglais/ukrainien/voir français.
N. T. (Juillet 2022)