Tania et ses trois enfants Bogdan, Paulina et Nazar, Irina et ses deux petits-enfants Vlad et Véronica ainsi que dix autres réfugiés, sont arrivés à Lézigneux en mars dernier, fuyant la guerre dans leur pays l'Ukraine. Neuf mois ont passé, certains sont repartis dans leur pays. Tania et Irina sont restées, logées ensembles avec les enfants dans une maison sous l'égide de la municipalité.

Les fêtes de fin d'année approchent et la séparation n'en est que plus accablante.

Aussi, à la demande de son fils et sa belle-fille, Irina repart en Ukraine avec Bogdan et Veronica le 13 décembre. « Neuf mois de séparation c’est long pour les enfants et leurs parents. Gendarmes tous les deux, ils n’avaient pas eu l’autorisation de quitter leur pays. J’appréhende ce retour. La guerre est toujours là. Mais ils veulent vraiment passer Noël ensemble. Et je vais retrouver mon mari, ma famille. »

Avec une grande émotion, Irina tient à remercier toutes les personnes qu’elle a rencontrées en France, dont sa première famille d’accueil à Lézigneux. « Nous avons été très entourés dès le début. C’est impressionnant comme les gens de Lézigneux ont un grand cœur. Tout le monde était comme une grande famille pour moi. Ça va être compliqué de dire au revoir. » (Propos traduits par Tania).

Quant à Tania, elle va demeurer encore sur la commune. « Je préfère rester là. Je suis plus en sécurité avec mes enfants. Mon mari est militaire (démineur). Si je rentre je serai seule dans ma maison où tout est électrique… Mais mon mari est vraiment triste d’être loin de nous. Lui est seul et à la guerre. C’est dur moralement. Il demande toujours que nous revenions. Mais il comprend que ce n’est pas possible d’être seule en Ukraine. Mais il n’a pas vu grandir notre petit Nazar qui marche maintenant. »

L’émotion gagne Tania avec le départ d’Irina. Mais avec sa belle force de caractère, elle reste positive. « Je suis heureuse pour elle qui va retrouver sa famille. Mais elle va me manquer. Elle m’a beaucoup aidé pour Nazar. Mais je sais que je suis seule dans la maison, je ne suis pas seule dans le village ! »

Tania et ses enfants vont fêter le Noël français le 25 décembre dans une famille lézignoise.

Avant cela, le 19 décembre, ce sera Saint-Nicolas qui déposera des cadeaux sous l’oreiller. Bogdan et Veronica croit en ce Père Noël orthodoxe. Et le 7 janvier, Noël sera fêté comme en Ukraine.

Toutes deux espèrent une accalmie dans leur pays pour les fêtes.

La religion orthodoxe, majoritaire en Ukraine, suit le calendrier julien (et non celui grégorien des chrétiens), décalé de 13 jours par rapport au Noël catholique. Saint-Nicolas, Père-Noël orthodoxe, apporte les cadeaux le 19 décembre, glissés sous l’oreiller ou au pied du sapin. Les enfants chantent et font le tour du village, allant de maison en maison pour récolter de petits cadeaux.

Et Noël est fêté le 7 janvier. « Les gens visitent l’église. Nous invitons la famille et dégustons le plat traditionnel de Noël le koutya, fait à base de blé avec des noix, noisettes, miel. C’est le premier des douze plats maigres (sans produit laitier, ni viande). »

N. T. (Décembre 2022)

 

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