Les fusées paragrêle pour contrer les orages de grêle

 

 

Depuis le début de l’été, les orages grondent fréquemment sur notre région avec le même regard de tous, sondant les cieux assombris et tourmentés, particuliers ou agriculteurs, qui appréhendent un phénomène terrible et dévastateur : la grêle.

Si pour le particulier ce sont surtout les dégâts occasionnés sur la voiture, le jardin, le potager… qui angoissent, pour les agriculteurs ce fléau prend une plus grande ampleur encore avec le risque potentiel de la destruction d’une récolte, de tout un travail.

Afin de parer à ces éventualités extrêmes, des fusées paragrêle sont lancées à l’assaut des nuages afin de minimiser le phénomène.

Comme 92 communes des départements regroupés de la Loire, du Rhône et du Puy de Dôme, la commune de Lézigneux adhère au syndicat interdépartemental de défense paragrêle et des calamités agricoles des Monts du Forez et du Lyonnais.

Depuis sa fondation en 1952, ce syndicat siège en mairie de Boisset-Saint-Priest dans la Loire, avec comme but récurant « d’enrayer et d’amoindrir les effets des nuages de grêle ».

Ce syndicat assure l’achat, la répartition, la mise en œuvre et le lancement des fusées paragrêle dans les Monts du Lyonnais, à travers les monts du Forez jusqu’à la région du Puy en Velay. Tous les membres sont bénévoles : administrateurs, secrétariat, gérants des dépôts, tireurs. Les recettes de ce syndicat sont essentiellement assurées par les subventions des communes, des syndicats de communes, des conseils généraux et des syndicats agricoles.

 

Frédéric Roux, tireur lézignois de fusées paragrêle

 

Sur la commune, Frédéric Roux, agriculteur au hameau de Valensanges, est le tireur bénévole attitré des fusées paragrêle.

« - Vous avez donc la responsabilité du lancement ?

- Oui, depuis maintenant une quinzaine d’années à la suite de mon père, Jean Roux, et après une formation décernée par le syndicat.

Ce rôle est souvent attribué aux agriculteurs car, de par notre métier, nous sommes toute l’année sur le terrain, au cœur de la nature. Et  puis nous protégeons ainsi nos cultures.

Car, pour contrer un orage de grêle, il faut une réaction rapide et tirer avant la tombée des grêlons, dans les cumulo-nimbus qui arrivent. Le tir protège plus en aval de l’orage que l’endroit du tir même. Aussi, ce sont bien le regroupement des communes et l’orchestration des tirs communs qui sont le plus efficaces.

- A quel moment déterminez-vous le tir ?

- J’observe le ciel et les nuages qui s’amoncellent. Le ronflement typique des grêlons qui s’entrechoquent est annonciateur. J’ai déjà installé la fusée sur la rampe de lancement et j’actionne l’allumage électrique relié par câble. La fusée monte à la verticale et est aspirée par les courants d’air ascendants. Il faut tirer à l’avant du nuage car après la zone de turbulence les courants sont descendants. Le plus délicat est de déterminer le tir et l’instant T, car une fusée coûte près de 160 euros, alors il faut être sûr de soi. Et lorsque l’orage éclate de nuit, la difficulté est accrue.

- Avez-vous tiré une fusée cette année ?

- Pour l’instant non, cela n’a pas été nécessaire et fort heureusement. D’autres communes voisines n’ont pas eu cette chance. Un seul tir pour l’an passé… et l’année de « mauvaise référence » est 2003 avec six tirs de fusées !»

 

L’action de la fusée paragrêle

 

La fusée paragrêle est un moyen de lutte active contre la grêle. Lancée à la verticale d’une rampe de lancement, elle est aspirée par les courants jusqu’au cœur des nuages.

A 1 800 mètres d’altitude, elle libère des particules d’iodure d’argent dans la partie active du cumulo-nimbus, dans une zone à fortes turbulences ascensionnelles.

Gouttelettes d’eau + iodure d’argent = cristaux de glace. L’iodure d’argent est un agent de congélation artificiel de l’eau. A 6 000 mètres d'altitude, elle augmente la formation d’un grand nombre de petits cristaux de glace qui réduisent ou empêchent l’apparition de gros grêlons.  Les petits grêlons  qui en résultent tombent alors plus lentement et fondent avant d’atteindre le sol, rendant ainsi le nuage orageux inoffensif.

 

Nathalie TOULY

Diaporama