Journée de tonte et d’entretien des abords de l’étang
Ils sont toujours autour d’une douzaine, sont retraités… mais sont toujours « embauchés » pour une bonne action, par quelques associations lézignoises dont ils sont adhérents.
Un matin, c’est celle de pêche de « l’Hameçon de Vidrieux » qui les a rassemblés autour de l’étang pour la tonde de toute la longue surface d’herbe qui borde le plan d’eau.
Arrivés de bon matin avec leur bonne humeur habituelle et leur matériel personnel : coupe-fil, mini-tracteur, débroussailleuse, « brouette autotractée » ils ont, pour la quatrième fois de l’année, nettoyé et entretenu tous les abords des points de pêche et de pique-nique. Et dans leur élan solidaire, ils ont empierrés les nombreux trous du chemin avec du 0/20 livré par la municipalité. Ils devraient refaire équipe d’ici quelques semaines pour cette même cause. En effet, chaque année, ils interviennent 7 à 8 fois sur le site.
Etang collinaire de Vidrieux, unique dans le Forez.
L’étang de Vidrieux est propriété de la commune depuis 2002, après avoir été celle de la famille De Meaux pendant deux cents ans depuis août 1804. Loué aux associations de pêche et de chasse communale, l’Hameçon de Vidrieux et l’ACCA, ses membres ont la charge de l’entretien et du nettoyage du plan d’eau et des sept kilomètres du bief, ou béal, qui alimente l’étang depuis sa prise d’eau sur la Vidrézone au hameau de Drutel sur la commune de Verrières-en-Forez jusqu’à Vidrieux. Chaque année, au cours de « journées citoyennes », des travaux plus importants sont entrepris, principalement pour palier aux pertes d’eau : pose de tuyaux, curages…
Depuis un an et demi, Robert Balahy, conducteur de travaux à la retraite et adhérent de l’association de pêche, a entrepris un travail d’envergure tout le long du bief afin de compléter le tracé du cours d’eau absent en divers points sur le cadastre.
Rencontre :
" -Pourquoi un tel travail ?
- Sur le cadastre, le bief n’est pas toujours indiqué, notamment du captage jusqu’à la Goutte, puis au niveau de la traversée du bourg de Lézigneux. Je mesure donc son itinéraire et je notifie tout ce que je vois, chaque détail : la nature du sol, les parties bétonnées sur trois faces, les rochers, les tuyaux, les caniveaux, leurs dimensions…et leur état, afin de cerner et de faciliter les futurs travaux à entreprendre.
- Vous avez rencontré des difficultés ?
- Au niveau du bois d’Hatier, la végétation est tellement dense, les buissons si épais, que je suis revenu souvent bien égratigné !
- Votre travail avance ?
- Je suis actuellement au niveau de la ferme Bayle, à 4 523 mètres du départ. Il reste encore environ 3 kilomètres à répertorier, avec quelques inconnus après la traversée du bourg, vers la Verchère où le bief est enterré sous la route. Mais à ce moment-là je me rapprocherai de quelques personnes qui connaissent bien le village. »
Un peu d’histoire …
...puisée dans les deux livres du Lézignois Paul Gérossier : Il était une fois Lézigneux et Lézigneux ou la vie rurale du XVII au XIXe siècles.
« Premier étang artificiel du Forez, situé à 507 mètres d’altitude, l’étang de Vidrieux fut créé en 1239 par le comte Guy IV. L’étang et son canal d’alimentation, bief ou béal, long de sept kilomètres, sont creusés par la main d’œuvre locale des paroisses environnantes. En plein Moyen Age, le paysan libre doit des corvées au seigneur. Le comte Guy IV s’appuie sur cette main d’œuvre corvéable et bon marché pour réaliser son projet ».
« Ce béal est un modèle de dénivellation régulière qui utilise crêtes, vallons et plateaux, évitant ainsi de créer un courant trop fort ».
« Le droit de prise d’eau sur la Vidrezonne, est permanent. Le bief peut couler à longueur d’année. Ce qui a occasionné, au fil des siècles, de nombreux conflits lors d’été de sècheresse. L’eau détournée en aval manque pour les nombreux moulins construits sur le cours de la Vidrézonne. Et le long du béal, les agriculteurs voient l’eau couler sans avoir le droit d’en détourner ne serait-ce qu’une infime partie pour l’irrigation des prés et cultures traversées ».
Hameçon de Vidrieux : balade le long du bief qui alimente l’étang.
Ils se sont retrouvés une douzaine, un samedi matin, au bord de l’étang de Vidrieux, des Thomasiens, des Moingtais, des Lézignois, pour partir à la découverte des 7 km du bief qui alimente l’étang de son captage au Drutel, sur la commune de Verrières en Forez jusqu’à l’étang. Un covoiturage les mena jusqu’aux abords de la Vidrézonne, vers la prise d’eau, et sous les ombrages des feuillus commença l’aventure. Même si le tracé du bief ne permet pas de le suivre dans sa totalité (végétation trop dense, traversée de propriétés habitées) la balade a été enrichissante, tant avec les explications de Pascal Cuisson, président de l’association de pêche que des commentaires historiques apportés par quelque uns. Et chacun a pu apprécier l’envergure et la perfection de cette réalisation, datée de 1293, qui a traversé les siècles.
Le pique-nique annuel au bord de l’étang, rassemblant comme chaque année les adhérents de l’association de pêche, a prolongé agréablement la journée. Avec comme seul regret pour tous de ne pouvoir tremper un fil de pêche dans l’étang, en raison des problèmes actuels de l’eau.
Etang de Vidrieux : par arrêté municipale la pêche est temporairement interdite.
De bon matin, vendredi, au bord de l’étang de Vidrieux, régnait la consternation : des centaines de poissons morts ou agonisants jonchaient le bord des rivages !
Grosse frayeur des membres de l’association de pêche « l’Hameçon de Vidrieux » qui convoquèrent Madame le Maire, Maryse Perrier, la gendarmerie et contactèrent Yvan Falatas, membre de l’association et responsable de l’ONEMA, office nationale de l’eau et des milieux aquatiques. Bien fut sa présence puisque qu’il expliqua que même si le constat est alarmant, il n’en découle que d’une « pollution naturelle ». En effet, les algues vertes qui flottent dans les eaux se transforment sous l’effet des grosses chaleurs du moment en algues marrons qui annihilent l’oxygène de l’eau. Et c’est en fin de nuit que le phénomène est le plus marquant, l’ensoleillement de la journée récréant des bases d’oxygénation. De ce fait, en cours de matinée, un certain nombre de poissons a regagné les profondeurs des flots. Néanmoins, chaque matin, si les conditions météorologiques persistent, le constat devrait être le même, créant une sélection naturelle du milieu alvin, la surpopulation actuelle de poissons, avant la vidange et la pêche de l’étang programmées au mois de novembre, l’accentuant fortement.
Par arrêté municipale, « en vertu du code de l’environnement et de santé publique et la présence de poissons morts » une interdiction de pêcher est entrée en vigueur, le vendredi 12 juillet 2013 qui sera « actualisée en tant que besoin par arrêté complémentaire ».
Nathalie TOULY