Frédéric Roux et la prévention contre la grêle

Les fusées paragrêle pour lutter contre les orages de grêle.

 

Les orages grondent fréquemment cet été… et frappent quelquefois fort, très fort ! Une maison incendiée à Lézigneux, cause directe de la foudre et dernièrement la grêle, anéantissant les cultures, les locaux agricoles et professionnels, détruisant les toitures, ravageant les voitures, les potagers…à quelques dizaines de kilomètres de Lézigneux, Champdieu, Pralong, Chalain d’Uzore… Si ce fléau naturel dévastateur est incontrôlable, les fusées paragrêle amoindrissent le phénomène. Comme 92 communes situées sur les département de la Loire, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, la commune de Lézigneux adhère au « syndicat interdépartemental de défense paragrêle et des calamités agricoles des Monts du Forez et du Lyonnais ». Depuis sa fondation en 1952, ce syndicat siège en mairie de Boisset-Saint-Priest dans la Loire avec comme but récurant « d’enrayer et d’amoindrir les effets des nuages de grêles ». Ce syndicat assure l’achat, la répartition, la mise en œuvre et le lancement des fusées paragrêle des monts du Lyonnais, à travers les monts du Forez jusqu’à la région du Puy-en-Velay. Tous les membres sont bénévoles : administrateurs, secrétariat, gérants des dépôts, tireurs. Les recettes de ce syndicat sont essentiellement assurées par les subventions des communes (subvention lézignoise de 300 € accordée en 2013) des syndicats de communes, des conseils généraux et des syndicats agricoles. Le prix de revient d’une fusée est de 148 € et le pieu, nécessaire au lancement des fusées, d’un peu moins de 200 €.

 

Sur la commune Lézignoise, Frédéric Roux, agriculteur au hameau de Vallensanges a succédé il y a une quinzaine d’années à son père Jean comme bénévole pour le tir des fusées paragrêle, après une formation auprès du syndicat.

 

Rencontre :

 

" - Vous avez la responsabilité du lancement, quand intervenez-vous?

 

- La réaction doit être rapide. Ce rôle est souvent attribué à un agriculteur qui est toute la journée sur le terrain, au cœur de la nature et donc bien placé pour observer le ciel. Car, pour contrer un orage de grêle, il faut tirer avant la tombée des grêlons, dans les cumulo-nimbus qui arrivent. C’est à l’aspect plus clair du nuage, au bruit des grêlons qui s’entrechoquent que je reconnais le risque et que j’interviens. Le plus délicat est de déterminer le tir et l’instant T, car une fusée a un coût, il faut être sur de soi. La fusée monte à la verticale et est aspirée par les courants d’air ascendant jusqu’au cœur du nuage. Le tir protège plus en aval de l’orage que l’endroit du tir lui-même. Aussi ce sont bien le regroupement des communes et l’orchestration des tirs communs qui sont les plus efficaces. Autour de Lézigneux avec les communes de Lavieu, Margerie, Saint-Thomas-le-Garde…

 

- Avez-vous tiré cette année et ce terrible lundi 5 août où  deux orages de grêle ont lourdement frappé nos voisins de la plaine ?

 

- Non, l’orage n’était pas sur nous, mais nous l‘avons surveillé. Et cette année, pour l’instant,  je n’ai pas eu besoin d’intervenir. Certaines années, aucune fusée n’est tirée, un seul tir pour 2011, et une demi-douzaine en 2012, tout comme l’année  2003 avec six tirs de fusées pour notre commune ! »

 

L’action de la fusée paragrêle.

Contrairement aux idées reçues et ancrées, la fusée paragrêle ne dirige pas et n’envoie pas le nuage menaçant chez le voisin !

 

C’est un moyen de lutte active contre la grêle. Lancée à la verticale d’une rampe de lancement, la fusée est aspirée par les courants jusqu’au cœur des nuages. A 1800 mètres d’altitude, l’explosion de l’ogive libère des milliards de noyaux de congélation (des particules d’iodure d’argent) dans la partie active du cumulo-nimbus, dans une zone de forte turbulence ascensionnelle. La formule : gouttelettes d’eau + iodure d’argent = cristaux de glace. L’iodure d’argent est un agent de congélation artificiel de l’eau. A 6 000 mètres d’altitude, elle augmente la formation d’un grand nombre de petits cristaux de glace, cristaux qui ne se colmatent pas et qui réduisent en conséquence la dimension des grêlons. Les petits grêlons qui se forment alors tombent plus lentement et fondent avant d’atteindre le sol, rendant le nuage orageux inoffensif.

 

 Nathalie TOULY